3ème et dernière partie de notre weekend à Nagahama, après l’échec de notre plan initial, il ne nous restait que du temps à tuer et l’idée soufflée par toutes les personnes à qui on avait dit « on va à Nagahama » et qui nous avaient répondu « hein? Pour faire quoi?? », qu’il n’y avait rien de bien intéressant. Fort heureusement, le simple fait de tenir la main de ma donzelle et me balader avec elle sous un ciel bleu généreux (bien qu’habité par un vent glacial), me comblait déjà. Et une fois de plus, j’ai pu constater à quel point lorsqu’on n’attend rien de spécial de quelque chose, il nous récompense en nous offrant du lourd.
Nous avons quitté le château et marchons maintenant grossièrement en direction du centre ville, car on y trouve un truc célèbre nommé Kurokabe Square…
« Euuuh quoi?
– J’sais pas, me dit Tsuki, la ville est célèbre pour une fabrique de verre/musée/chais-pas-quoi.
– Oh… Ok tu m’as convaincu, allons voir! On passe par ce petit tunnel tu crois?
– Probablement ».
Et quand on en ressort…
Wow cool! Un temple!! (le mec qui s’étonne encore de trouver des temples sur sa route après 5 ans au Japon… admire la rareté du spécimen quand même!). Je pense qu’on va prendre un peu de temps pour quelques photos, même si la faim commence à se faire sentir et qu’on n’a pas la moindre idée de là où on va…
C’est le Hôkoku-jinja (豊国神社) un sanctuaire shinto, qui nous accueille.
A droite duquel on trouve une section dédiée à Inari : 出世稲荷神社 (Shusse Inari Jinja?? pas sur de la prononciation…)
On ne perd pas de temps, entre les gargouillis d’estomac, on entre dans le détail des deux bâtiments sacrés.
J’ai trouvé la forme de cette shimenawa (corde sacrée) amusante, on dirait une queue de rat.
Les pauvres Kitsune du coin sont en détention! Pour leur sauvegarde peut-être, mais cela reste triste! Heureusement, les komainu, eux, sont en liberté et prêt à défendre dents et griffes leur sanctuaire.
On en retrouve bien entendu en bois sculpté sur les charpentes. Ceux-là vont attirer mon attention par leurs yeux blancs vitreux, tout cataractés qu’ils sont d’avoir trop veillé.
On verra plus loin que ces yeux blancs sont loin d’être une originalité dans le coin… Mais tournons-nous vers les dragons, tigres et autres Hôou (鳳凰) ou Fenghuang en chinois (oiseau-roi mythique souvent maladroitement associé au phœnix et qu’on retrouve sur les toits du Kinkaku-ji, Byôdo-in et j’en passe…) qui accompagnent les kistune blancs comme les nuages aujourd’hui absents.
Autant de magnifiques ouvrages dont la qualité de saurait être égalée que par le savoir-faire de Mère Nature, qui manie les formes et les couleurs à la perfection pour créer les fleurs que nous rencontrons.
Nous quittons ce lieu d’apaisement et apercevons déjà, au bout de la rue, une agitation populaire et l’entrée d’une shotengai, ces galeries marchandes couvertes qui peuplent le Japon.
Celle-ci arbore un fronton très sympa.
Et c’est en s’en approchant que l’on va finalement tomber sur le fameux Kurokabe Square, le truc célèbre, le truc qui fait venir ici, le truc qui me fera faire une photo avant de m’en désintéresser pour toujours.
Installé dans une ancienne banque d’architecture occidentale, cet atelier/musée sur le verre produit ici ne nous arrêtera pas plus de 3 minutes. Poussés par la faim, nous entrons dans différents restaurants tous plus blindés de monde les uns que les autres, et arriverons finalement à nous restaurer. Après la pause déjeuner, nous reprenons notre petite balade dans la shotengai, et c’est là que je rencontre Ken le survivant.
C’est seulement à ce moment-là que je connecte avec un article que j’ai lu récemment sur le super blog Curieux du Japon qui parlait de l’oyako-don et qui mettait quelques images de Nagahama à la fin, dont cette photo de l’entrée du musée de la figurine.
Nous ne visiterons pas le musée, mais entrerons simplement dans la boutique qui vaut déjà le détour, entre les têtes de T-Rex et les Gremlins grandeur nature…
Mais nous continuons notre route main dans la main, au calme, tranquillement comme dirait un ami à moi, sans pression, poseeeey #EtAuMilieuCouleUneRivière.
A ce moment là, il est trop tôt pour les cerisiers, mais l’on devine à certains endroits que la vue sera splendide d’ici quelques jours.
Tout le quartier est bondé. Cela ne transparaît pas sur mes images car j’essaye toujours d’éviter la foule, et ce pour deux raisons :
1 – C’est moche
2 – La foule Japonaise est souvent calme et peu agressive. On ne s’y sent pas franchement oppressé. Or, en photo, impossible de rendre ce sentiment contradictoire. L’image saturée donne l’impression de lourdeur et on ne ressent pas ce calme et cet apaisement que nous ressentons sur place malgré le monde.
Bref! Les touristes ici ne dérangent personne, pas même les poules d’eau.
Plus nous déambulons dans les rues du quartier et nous éloignons de la shotengai, plus le calme revient. Je remarque alors que nous arpentons des rues peuplées de Machiya les maisons anciennes de marchands de l’époque Momoyama (1573 à 1603).
Motohama-cho est le genre de quartier que l’on va visiter à Ise (à Oharaimachi) ou à Kanazawa (au Higashi Chayamachi) mais avec une différence majeure ici : il est vivant.
Bon ok à Ise et Kanazawa aussi, y a beaucoup de restau pour les pèlerins/touristes etc… mais ici, c’est plus que ça. On a l’impression que le quartier entier (et pas seulement une ou deux rues comme c’est souvent le cas), est juste un quartier normal de la ville. Restaurants, boutiques de tout genre, squares publics et pas-de-portes se côtoient.
De plus, en te baladant là bas, ta route sera peuplée d’une tonne de musées à l’identité architecturale assumée et unique…
Avec pourquoi pas un mec devant qui a posé une stéréo et s’entraîne au jongle, comme s’il était dans un parc publique (le gars était plus qu’impressionnant)…
Mais revenons au bâtiment…
Je ne sais même plus à l’heure où j’écris ces lignes si c’était celui-là le musée des Arts Traditionnels, ou un autre… mais voici des images prises devant ce dernier :
Tu rencontreras aussi des stands de grillades dont les émanations te rappelleront peut-être tes dimanches après-midi à la campagne…
Alors qu’à 10 mètres de là, tu entreras dans une librairie dont la décoration intérieure te donnera envie de te mettre à la littérature…
(petit aparté : c’est là que j’ai pensé à toi @_Christ_OFF_ je ne sais pas pourquoi, je me suis dit que tu aimerais sûrement l’ambiance de cette librairie…). Visiblement ils préparaient une livraison, ou un événement, on n’a pas su ce qui se passait mais…
L’Art semble prendre une place majeure dans tout ce quartier qui nous rappellera d’ailleurs Kanazawa sur ce point. La ville est striée de musées, ateliers d’artisanat, mais aussi de sculptures,
petites installations,
rampes de pont design en forme de renards…
En parlant de renards d’ailleurs, Tsuki me dit que la ville est célèbre pour ses renards (ne cherche pas à comprendre ce que ça veut dire, elle a passé sa journée à me dire « c’est célèbre pour ci ou ça)… Mais visiblement une des sculptures du quartier est une fierté et une célébrité…
Je ne vais pas te mentir, quand j’ai vu ça j’ai explosé de rire et je me suis demandé ce qui leur avait pris de produire… cette… crêpe dorée à tête de renard? Drap tendu? Toile de pompier? On ne saura pas.
Mais on l’a retrouvée sur beaucoup de dépliants etc… bon, passons. Je préfère me concentrer sur les valeurs sûres qui ornent discrètement les toits des maisons, et que peu de gens vont prendre la peine de regarder.
Ou les coléoptères géants sur les murs des boutiques…
Au détour d’une ruelle, pendant notre exploration, nous allons tomber sur cette tonnelle mise à nu par l’hiver encore dans les parages… Tels des hamsters attirés par les tuyaux de leur cage, on s’engouffre pour voir sur quoi ça débouche.
Euuuh comment dire? Ça ressemble à une fête des voisins. Y a de la musique, des grillades, des fûts de bière transportables, et beaucoup de vieux qui rigolent. Autour de tout ce joyeux chantier, des maisonnettes qui vendent visiblement de l’artisanat, mais aucun vendeur en vue. On avance.
Ce doit être dû à la pause déjeuner, mais les étalages sont couverts de filets bleu.. On ne comprend pas grand chose.
L’endroit est présenté comme une sorte de musée… Et effectivement on remarque des numéros aux maisonnettes… Et des sculptures… étranges.
Comme ce que tu peux apercevoir derrière cette structure par exemple… un mec à cheval super bizarre. Cette structure d’ailleurs… qu’est-ce que c’est??
Hé bien, j’ai envie de dire « bien entendu! », c’est un Kaléidoscope géant!!
Tu te places dessous, tu tournes l’énorme volant de tracteur, et tu lèves la tête :
Complètement improbable, absolument magique, fantastiquement merveilleux, on va rester 10 bonnes minutes dans ce petit espace hors de toute raison humaine. Un mélange d’ambiance Hippie/Maison de retraite/Musée du Facteur Cheval… Suite à quoi nous reprenons le chemin du normal et nous rendons au bout de cette rue :
Là bas, le Daitsû-ji (大通寺) nous attend.
On dit que ce temple a été construit avec les restes du château de Fushimi à Kyôto (l’actuel étant une réplique datant de 1964). En tout cas sa porte d’entrée me laisse sans voix!
Et c’est là que je vais retrouver ces ribambelles d’yeux blancs, sur les sculptures des linteaux.
Quelques-uns ont encore leurs iris, comme cet immense dragon (la photo ne lui rend pas justice, il est vraiment imposant),
ou quelques komainu encore jeunes de seulement quelques siècles.
On entre, accueillis par une volée de pigeons.
Pour une fois que ce ne sont pas des corbeaux… Bon on fait un tour rapide, l’ensemble est vraiment imposant…
L’intérieur du bâtiment principal est évidemment interdit à la photographie mais un bon zoom me permettra de voler un aperçu pour toi… roooh c’est paaaas bieeeeen!
On en fait le tour.
On ne passera pas cette passerelle, je ne sais même plus ce qu’il y avait à voir là bas mais je crois que c’était fermé à ce moment-là.
A la place, nous complétons notre collection de photos avec quelques détails du site.
De bien jolies choses, mais, oserais-je l’avouer, pas à la hauteur de notre première rencontre du début de cet article. C’est bien souvent le cas, les grosses stars dont on espère le grandiose, si elle parviennent à nous époustoufler, n’arrivent parfois pas à nous insuffler cette étincelle d’admiration que les plus humbles sanctuaires ou temples nous transmettent.
Et c’est valable pour tout! Je pense à tout ça lorsque nous quittons le lieu et passons faire un tour dans le petit jardin qui se trouve juste derrière le temple. Peut-être est-ce dû à ce facteur « inattendu » dont je parlais plus haut? Peut-être est-ce plus facile d’être impressionné ou attendri par quelque chose qu’on n’espérait pas? Je le crois.
A bein quand même! T’es là toi! Je croyais que tu boudais…
En tout cas, c’est bien pour ça que je ne me sens jamais trop triste qu’un plan tombe à l’eau, car cela n’annule pas les chances de découvrir quelque chose de super. Et puis tu me connais, je m’exalte d’un rien… Un tronc d’arbre aux airs de puzzle,
une grappe de mini-fleurs qui scintillent au soleil,
du blanc qui se change en rose,
bref, tout ce qui fait qu’ouvrir les yeux sans attendre autre chose que de voir est récompensé. Et après tout, chaque photo prise n’est qu’un clignement d’œil qui a l’avantage de fixer pour toujours sur nos rétines ce que l’on a vu.
Alors à bientôt pour d’autres battements de cils.
SUBARASHII…une fois de plus.
MERCI ♡
Hehe! Eh bien DE RIEN!! 😉
Merci pour ce récit. Ce pont renard me fait drôlement de l’oeil !
oooh quel plaisir de te voir commenter ici toi 🙂
Ouais je dois dire que j’ai bien aimé aussi ces rambardes de pont! 🙂
Super article ! Je découvre votre blog et j’adore 🙂 Le kaléidoscope géant, quelle merveille !
Bienvenue Camille!! J’espère que mes balades viendront compléter tes carnets pour tes prochains voyages 🙂 Bonnes lectures et bonnes balades! N’hésite pas à commenter, suivre la page FB et le Twitter, qui complètent ce blog 🙂
Déjà fait pour le Twitter, je vais faire un tour coté Facebook de ce pas 🙂
Pfiou ! Trois mois de retard sur ton article, je suis balèze =)
Pour une balade où vous n’attendiez rien de particulier, vous avez vu pas mal de choses !
J’aime bien ce genre de promenade ^^ J’aime beaucoup la photo du tronc d’arbre et du personnage poisson sur le toit :p
Et comme d’hab, c’est un plaisir de te lire ^^
Merci Tetoy!! J’ai bien plus de retard sur mon album alors… ne t’en fais pas trop
Mais je ne t’oublie pas!!
Ahahah gardes le moi au chaud pour Noël 😀
Comme je te l’ai dit, je ne suis pas du tout pressée ^^
Tu as largement le temps. Et même s’il n’arrive jamais je ne t’en voudrais absolument pas 🙂 Donc tu n’as pas à t’en faire 😉