Salut toi! Comment va depuis le temps? Bien? La famille, bien? Ouais bah écoute c’est cool, moi aussi, ça va ça va… la p’tite routine quoi… Bwof tu sais ces jours-ci le temps se rafraîchit un poil, l’humidité est enfin tombée donc on a plutôt un temps d’été français. C’est pas dommage! Voilà voilà voilà…. Ah tiens au fait j’y pense, j’tai pas dit? Vendredi on est allés à Naramachi avec Tsuki! Ouaaaaaiis ça faisait une paye qu’on devait y aller elle avait jamais visité la p’tite! Bah attends… tu sais quoi? J’te raconte…
Alors Naramachi est un quartier de la ville de Nara, dans la préfecture de Nara. C’est un de ces vieux quartiers avec des machiya, les maisons traditionnelles, telles qu’on peut en voir dans bien des quartiers traditionnels. Ce n’est pas un coin abandonné, les gens y vivent, et en arpentant les étroites allées, tu pourras tomber sur des cafés, des lieux d’expo, des temples et parfois tout ça en même temps.
Pour tout te dire la première fois que j’y étais allé avec Sakura, je n’avais pas été particulièrement sensible au charme du quartier, cela devait être une des premières sinon la première fois que j’allais à Nara et j’attendais beaucoup plus de clinquant touristique probablement. Je garde néanmoins un merveilleux souvenir de cette journée et particulièrement de ce petit temple dans le jardin duquel je jouais à cache-cache avec mon épouse.
Bref, maintenant que j’habite ici depuis longtemps, c’est précisément le genre de lieu qui finalement m’intéresse bien plus, pour y passer des après-midi au calme avec ma douce et tendre, balade de vieux etc… Une autre manière de visiter, plus autochtone, moins axée sur la productivité.
Les vieilles bicoques, le calme assourdissant, c’est un quartier où il fait bon passer.
Toutes les maisons sont décorées de ces guirlandes de personnages rouges en boule… Il s’agit en fait de figures divines de singes censées protéger les Narais et Naraises (oui oui il y a un gentilé pour les habitants de Nara et bien d’autres villes… si tu veux te marrer un moment, va sur cette page wikipédia)
Tu en croiseras aussi peut-être en différents materiaux…
Et au beau milieu de ce quartier traditionnel, nous découvrons que se tient dans tout Nara en ce moment, un événement culturel d’envergure. Du 3 Septembre au 23 Octobre 2016 se déroule la « Art Celebration in Nara, Beyond Time and Space ».
La ville est envahie d’œuvres d’Art éphémères. Jardins de temples, intérieurs de restaurants ou maisons de thé… Et la première que nous croisons est une oeuvre de Yoshinari Nishio intitulée Button/Rain. C’est une installation devant un tout petit sanctuaire.
Je crois que l’oeuvre parle d’elle même, et malgré l’apparente simplicité, je dois dire que je l’ai trouvée très jolie et nostalgique.
Tous ces boutons m’ont peut-être rappelé la grosse boite à couture de ma mère, ou la boite en fer de ma grand mère dans laquelle elle gardait toutes les galettes dépareillées, dans l’attente de devoir raccommoder une parka ou une chemise.
Et la pluie alors? Bah tout dépend comment tu te places…
Au détour d’une autre ruelle, on entre dans ce qui ressemble à un café, pour finalement découvrir une ancienne ruelle maintenant quasi à l’intérieur de la baraque… C’est en fait un ancien magasin/entrepôt de riz.
sur le sol, on peut encore voir la trappe à bois pour chauffer le bain de la famille.
Et entre les « maisons » qu’on ne distingue plus vraiment les unes des autres aujourd’hui, on peut encore tomber sur de vieux jardins exiguës et luxuriants, accessibles par des passages tout de guingois.
Et au beau milieu de tout ça, derrière une porte gardée par quelques grues pliées…
Une nouvelle oeuvre nous attend.
Pour tout te dire, on n’a pas vraiment discuté de l’oeuvre avec les gens présents, mais plutôt de l’histoire du lieu lui-même. Et même si cette oeuvre à base de paysages et peintures dans et sur moustiquaire m’a vraiment plu, je lui suis surtout reconnaissant de m’avoir attiré dans cet endroit.
L’après-midi défile lentement, rythmée par des petites marches dans les ruelles, entrecoupées de visites d’œuvres temporaires.
Une autre lieu d’exposition se dresse sur notre route, alors on n’est pas timides, on se présente.
L’immense maison est constituée d’un théorie de pièces traditionnelles (une théorie au sens un défilé de… j’aurais pu dire « une suite de… » direct, mais franchement j’avais trop envie de faire le mec culturé, et de donner une expression du Moyen-Âge pour tes dîners en famille où tu essayes toujours plus ou moins d’être le plus malin de la tablée… tu me remercieras plus tard).
Pour le temps de l’exposition, ces pièces sont habitées par de drôles de végétations bestiales, créées par Kazune Hayashi et titrées FLOW…
Des structures tissées en chanvre de palme, représentant les flux de cette immense maison. L’architecture japonaise, capable de créer des espaces séparés, est surtout remarquable pour sa capacité à décloisonner ces espaces, en faisant simplement glisser les fusuma (les portes coulissantes). Dès lors qu’on ouvre ces espaces, l’air y circule, les énergies aussi, la vision… tout change.
C’est ce que ces structures viennent illustrer.
Mais là encore, l’autre avantage de ces œuvres, c’est de t’emmener dans de tels lieux, et si tu n’es pas féru d’Art contemporain, rien ne t’empêche de te tourner vers les valeurs sûres d’antan, comme les décorations de panneaux de bois…
Les origami en tissus…
Les shôji de toutes formes…
Ou tout simplement les tatamis, dont, personnellement, je ne me lasse jamais.
Nous en avons terminé avec Naramachi, et avant que le soleil ne se couche totalement, je veux profiter du beau temps pour faire un tour voir les cerfs. Nous prenons donc la direction de Nara Koen, parce que, franchement, c’est impossible de résister. On jette un œil à quelques détails sur le chemin, cela va sans dire.
Mais dis donc Nature, on entre à peine dans un été acceptable, et t’essayes déjà de me dire que l’automne approche? T’y es pas ung peu fada toi?
Bon les classiques, je passe hein… C’est probablement pas ce qui manque comme articles sur les pagodes de Nara… Moi, chaque fois que je reviens ici, j’ai 5 ans et je veux voir les biches.
Quand j’étais petit, on allait au parc Paul Mistral de Grenoble pour voir les deux enclos aux biches et aux chèvres. Aujourd’hui Grenoble a un très beau stade, mais plus de biches pour les gosses. M’en fous, j’habite près de Nara! Et toc!
C’est la première fois que je viens pendant la période où les bois des mâles sont couverts de leur velours (ou système tégumentaire pour ton prochain repas de famille).
Mais moi ce que j’aime c’est le popotin des biches… avec leur petites tâches blanches et leur petit plumeau qui se soulève pour….
Hum… ouais bref…. Allez, on boude pas, et si quand j’étais minot je devais me coller à un grillage grinçant pour attirer les 4 biches de Paul Mistral avec un vieux brin d’herbe, ici les bambins peuvent tout simplement cohabiter avec les animaux.
Et on peut dire qu’ils en profitent!
Je ne suis pas là que pour le fumet de caca et l’odeur de grange, j’en profite pour tirer quelques portraits, mais le soleil s’est déjà caché… dommage.
Celle-ci était pressée de se retrouver au dessus d’une cheminée on dirait.
Oh! Regarde!! Une théorie de têtes de biches!! (wink wink!)
On va faire un petit tour du côté de Tôdai-ji, non pas pour le visiter, mais pour ma photo traditionnelle (si tu me suis depuis longtemps tu sais que je prends toujours le temps de cette photo)
L’occasion de découvrir une dernière oeuvre, un bateau réalisé par un artiste chinois dont le nom m’échappe, et qui symbolise l’importance des échanges commerciaux et diplomatiques entre les pays (notamment le Japon et la Chine évidemment) et qui ont jadis conduit, par exemple, à l’échange des savoirs et des techniques, qui ont mené à des ouvrages d’exceptions comme le Tôdai-ji, à ce jours toujours la plus grosse structure en bois du monde…
On se contentera de la porte d’entrée pour ce soir, de toute façon le site est en travaux… Si tu veux le voir sur mes pages, va donc voir là-bas s’il y est.
Bon quand même, le portail un peu plus haut sur le chemin est toujours aussi impressionnant, je ne peux pas le rater.
J’aime toujours autant lui inspecter les entrailles, avec ces charpentes absolument incroyables dans les hauteurs desquelles on plonge comme on plongerait dans des abysses infernales.
J’en ai le tournis. Et ce ne sont pas nos deux Chapi et Chapo, aux dimensions titanesques qui vont me faire redescendre les yeux sur terre… Doucement éclairés d’une lumières chaude, les deux colosses de bois veillent sur les milliers de touristes qui passent sous leurs yeux chaque jour.
Pour nous, il est temps de rentrer dans nos pénates, la marche a été bien fatigante, et tout comme nos amis cervinae – ça c’est pour ton p’tit cul @D4DO- (oui, les cervinae, c’est une sous-famille des cervidés comprenant les cerfs et les daims, mais pas les chevreuils par exemple… purée j’espère que tu vas m’inviter à ton prochain dîner de famille que je vois à quel point tu brilles!!), nous n’avons qu’une envie, c’est de nous poser comme des clodos sur la chaussée.
Et pendant que mademoiselle Tsuki tente de faire genre « je réponds à des messages importants sur mon nouvel iphone7 », sans savoir qu’on ne me la fait pas à moi ou à mon zoom, et qu’en fait elle chasse des pokémon…
J’en profite pour chasser encore un peu les miens…
J’en ai d’ailleurs attrapé un super rare. Mon préféré, celui qui me suit de partout, mon gardien, mon confident…
Salut toi, je savais bien que tu serais dans le coin, à te baigner, toi aussi, dans nos souvenirs…
Allez, on éteint. Y a rien à faire, j’ai beau revenir ici encore et encore, c’est d’autres choses que je viens voir. C’est un temps qui s’écoule à une autre vitesse. Une autre façon de trouver les choses intéressantes. En fait je crois que ça y est… c’est mon parc Paul Mistral désormais.
A bientôt!
Merci pour cet article qui vient de me donner envie de retourner à Nara…
J’aime beaucoup le nouveau ton de tes commentaires.
Mais au final, les pages du « grand livre » semblent difficiles à tourner.
Merci beaucoup de ton commentaire Fuchan!! Je ne sais pas s’il y a un « nouveau » ton à vrai dire j’écris toujours comme je pense… j’aimerais bien en savoir plus sur ce que tu assimiles à du nouveau 🙂
Et sinon, il y a des pages qu’on ne tourne pas 😉 Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi je devrais la tourner soit dit en passant 🙂
Merci pour cette belle promenade. Nara est un de ces endroits où l’on a l’impression qu’on a jamais tout vu. À chaque fois que j’y suis allée, j’avais le sentiment de la redécouvrir. Un vrai bonheur.
C’est vraie, il y a des pages qu’on ne tourne pas c »est comme ça, tout simplement… merci Ondori pour ce récit un tantinet nostalgique mais oh! combien poétique! j’adoré! à bientôt pour de nouvelles aventures?
A n’en point douter!!
Cela m’a fait plaisir de revoir ces charmants habitants de Nara aux yeux si doux mais j’ai beaucoup aimé les installations éphémères, un régal…
pour une fois que tu rencontrais des animaux qui ne t’agressaient pas… J’imaginais bien que tu en garderais de bons souvenirs haha 🙂
J’ai adoré cette lecture … Un petit quelque chose en plus par rapport à tes autres articles 🙂 je ne saurais l’expliquer. De bon matin, c’est si agréable de beaux paysages accompagnés d’une écriture poétique (et toujours avec ta pointe d’humour dont je ne me lasse pas #poop )
A bientôt 😉
Et de bon matin, c’est si agréable de lire un tel commentaire!! Merci beaucoup Kyn 🙂 🙂
Aaaaaaaaah ça fait plaisir de lire des articles comme celui-ci.
On sent le sourire derrière tout ça !
Par contre… Faudrait penser à arrêter parce que moi là. Devant le PC du boulot (eh ouais je glande :D), eh ben j’aimerais bien faire ce style de balades, genre là, maintenant ! Aaaah… Vivement les vacances…
héhé merci de glander pour moi Tetoy! Bah c’est le but des articles hein, donner un petit goût de balade où que vous soyez. Mais évidemment rien ne remplace les vacances! Bon courage!